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LE DÉSERT DE GLACE

traînement ne pouvait courir l’espace d’un mille sans perdre haleine, en fait facilement vingt-cinq après ! On a cité un certain Townsend qui faisait cent milles en douze heures sans s’arrêter.

— Beau résultat, répondit Johnson, et bien que nous ne soyons pas très-gras, s’il faut encore maigrir…

— Inutile, Johnson ; mais, sans exagérer, on ne peut nier que l’entraînement n’ait de bons effets ; il donne aux os plus de résistance, plus d’élasticité aux muscles, de la finesse à l’ouïe, et de la netteté à la vue ; ainsi, ne l’oublions pas. »

Enfin, entraînés ou non, les voyageurs furent prêts le 23 juin ; c’était un dimanche, et ce jour fut consacré à un repos absolu.

L’instant du départ approchait, et les habitants du Fort-Providence ne le voyaient pas arriver sans une certaine émotion. Cela leur faisait quelque peine au cœur de laisser cette hutte de neige, qui avait si bien rempli son rôle de maison, cette baie Victoria, cette plage hospitalière où s’étaient passés les derniers mois de l’hivernage. Retrouverait-on ces constructions au retour ? Les rayons du soleil n’allaient-ils pas achever de fondre leurs fragiles murailles ?

En somme, de bonnes heures s’y étaient écoulées ! Le docteur, au repas du soir, rappela à ses compagnons ces émouvants souvenirs, et il n’oublia pas de remercier le ciel de sa visible protection.

Enfin l’heure du sommeil arriva. Chacun se coucha tôt pour se lever de grand matin. Ainsi s’écoula la dernière nuit passée au Fort-Providence.