Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/110

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l’emporta, Aurang-Ceyb (l’ornement du trône) ; il était fils de la fille du grand-vizir Azaph-Jah, frère de Nurmahal : il était donc le petit-neveu de la favorite. Il battit ses frères, qu’il fit mettre à mort, mais bien après son avènement (beaucoup plus tard, par conséquent, que ne le dit Leconte de Lisle). Il déposséda son père et se fit proclamer empereur de son vivant sous le nom d’Alam-Guîr, le conquérant du monde. Il régna de 1658 à 1707, fit de grandes choses et porta à son apogée la puissance mongole, pour laquelle devait commencer aussitôt après sa mort une lamentable décadence.

Quand Aurang se fit proclamer à Agra, le vieil empereur Scha-Djihan fut abandonné de tout le monde, sauf de sa fille Djihan-Arâ. Il acheva sa vie dans la forteresse d’Agra, ayant tout ce qui lui était nécessaire pour sa subsistance, mais privé de liberté. Il ne pouvait entendre sans horreur prononcer le nom du fils qui l’avait dépouillé. Sa fille ne le quitta point, et ce fut dans ses bras qu’il expira en 1666, après huit ans d’emprisonnement.

À la nouvelle de sa mort, Aurang-Ceyb feignit une grande douleur. Il partit sur le champ pour Agra et demanda à sa sœur la permission de la voir. Celle-ci, raconte de Marlès, s’attendait à cette demande. Elle vint à son frère, portant dans un grand bassin d’or toutes les pierreries de Scha-Djihan. Ce présent magnifique disposa favorablement Aurang, et il fut facile à la jeune fille, ajoute l’historien, de faire accueillir son apologie. L’empereur l’emmena à Delhi, où elle sembla d’abord exercer beaucoup d’influence, mais très peu de temps après elle mou-