et dont la foi sectaire l’a intéressé autant qu’il l’a détestée.
Des quatre fils de Scha-Djihan, Aurang était le seul qui
affectât de ne pas vouloir de l’empire. Il s’était toujours
montré mahométan pieux et austère ; il s’était défendu
d’avoir une autre ambition que de faire le pèlerinage de La
Mecque. Il déclara accepter l’empire seulement parce
qu’Allah l’avait désigné et voulait se servir de lui pour la
défense de la vraie foi. Le croyait-il réellement, ou bien
dissimulait-il ainsi son ambition ? Il est difficile de se prononcer. Ce qui n’est pas douteux, c’est qu’il essaya, pendant son règne, de convertir en masse les Indiens à l’islamisme et que bien des gens excusèrent ses violences envers
sa famille parce qu’ils les crurent ordonnées par le Seigneur.
Hypocrite ou sectaire, Aurang-Ceyb était de toutes façons
voué à l’antipathie de Leconte de Lisle, heureux de flétrir
une fois de plus des crimes qui, de bonne foi ou non, on
ne sait, n’en furent pas moins accomplis au nom de la
divinité.
Un siècle environ après l’avènement d’Aurang-Ceyb, l’empire mongol croulait, ébranlé par les divisions intestines ; Français et Anglais s’en disputaient les débris. À Arcate, dans le sud-est de la Péninsule, régnait le nabab Mohammed-Ali-Khan. Dupleix le déposséda, les Anglais le rétablirent et la Paix de Paris le reconnut nabab du Carnatic. Il devint fermier général de la compagnie anglaise
- ↑ Poèmes barbares, XXV.