Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et dont la foi sectaire l’a intéressé autant qu’il l’a détestée. Des quatre fils de Scha-Djihan, Aurang était le seul qui affectât de ne pas vouloir de l’empire. Il s’était toujours montré mahométan pieux et austère ; il s’était défendu d’avoir une autre ambition que de faire le pèlerinage de La Mecque. Il déclara accepter l’empire seulement parce qu’Allah l’avait désigné et voulait se servir de lui pour la défense de la vraie foi. Le croyait-il réellement, ou bien dissimulait-il ainsi son ambition ? Il est difficile de se prononcer. Ce qui n’est pas douteux, c’est qu’il essaya, pendant son règne, de convertir en masse les Indiens à l’islamisme et que bien des gens excusèrent ses violences envers sa famille parce qu’ils les crurent ordonnées par le Seigneur. Hypocrite ou sectaire, Aurang-Ceyb était de toutes façons voué à l’antipathie de Leconte de Lisle, heureux de flétrir une fois de plus des crimes qui, de bonne foi ou non, on ne sait, n’en furent pas moins accomplis au nom de la divinité.


LE CONSEIL DU FAKIR[1]


Un siècle environ après l’avènement d’Aurang-Ceyb, l’empire mongol croulait, ébranlé par les divisions intestines ; Français et Anglais s’en disputaient les débris. À Arcate, dans le sud-est de la Péninsule, régnait le nabab Mohammed-Ali-Khan. Dupleix le déposséda, les Anglais le rétablirent et la Paix de Paris le reconnut nabab du Carnatic. Il devint fermier général de la compagnie anglaise


  1. Poèmes barbares, XXV.