Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/122

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Ramsès II avait épousé une princesse asiatique et lui avait donné le nom de Ouïrimaounofirouri (celle qui voit les beautés du soleil). Cette princesse était fille de Khâtourasou, souverain de Kâti, pays où s’est développée une civilisation curieuse, connue sous le nom de civilisation hittite. Le mariage avait été purement politique, et non romanesque : Khâtourasou était un puissant souverain indépendant, et Sésostris était devenu son gendre pour sceller une alliance utile. Ne voulant pas reléguer une princesse de si haut rang dans la foule des femmes de son harem, il l’avait épousée en grande pompe et lui avait donné ce beau nom de Ouirimaounofirouri, faible consolation sans doute pour une jeune fille qu’on mariait avec un homme plus que sexagénaire[1].

Ainsi, pour la composition de son poème de Nèférou-Ra, Leconte de Lisle, sans le savoir, s’est inspiré d’un faux. Ce faux est toutefois, ne l’oublions point, de fabrication égyptienne et le style des monuments authentiques y a été adroitement imité. Bien que le document fût une supercherie, la couleur que le poète en a tirée ne devait donc pas être nécessairement de mauvaise qualité.


Le plan de son poème lui a été suggéré par la disposi-


    visée sous la suzeraineté des rois de Karnak en principautés féodales, que les Grecs appelèrent nomes ; mais, si le nombre des nomes, qui fut variable, s’éleva parfois jusqu’à cinquante, il ne descendit jamais, d’après M. Maspéro, au-dessous de trente-six.

  1. Ramsès II a raconté lui-même son mariage dans un monument qu’on a retrouvé à Ypsamboul. Voir Maspéro, Histoire ancienne…, t. II, p. 405.