Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/129

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mier appelait de ses vœux : il mettrait de sombres poèmes du Nord à côté de ses étincelants poèmes d’Orient et, ayant chanté Bhagavat, les Apsaras, l’arc de Civa, il chanterait le géant Ymer, les Elfes, l’épée d’Angantyr.


Parmi les poèmes islandais traduits dans le volume de Marmier, il trouvait deux chants guerriers très remarquables, le Chant de Hervor et le Chant de mort de Hialmar[1]. Il les choisit entre tous comme caractéristiques de la poésie héroïque des Scandinaves et, sous ces titres nouveaux, l’Épée d’Angantyr, le Cœur de Hialmar, il les refit, en les rendant plus significatifs encore. Il se sentit d’autant plus à l’aise pour les modifier que le traducteur ne lui donnait aucun renseignement sur les personnages qui en sont les héros et qui semblent appartenir à une légende assez obscure, mettant aux prises, dans des combats successifs, deux familles ou deux tribus rivales.

Le Chant de mort de Hialmar est un dialogue. Hialmar vient d’être frappé. Œrvarod, son compagnon d’armes, l’interroge et le plaint. Mais le guerrier sent qu’il va mourir ; il songe avec mélancolie à ses amis qui boiront désormais la bière sans lui, à sa jeune fiancée qu’il ne reverra pas ; il lui fait envoyer un dernier souvenir :

Œrvarod.

Comment te trouves-tu ? Ton front pâlit, Hialmar ; je te vois épuisé par ta large blessure ; ton casque est brisé, ton armure est rompue ; la vie est prête à te quitter.


  1. P. 62 et 63.