Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/137

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au Chant de Hervor nous montre aussi un père réveillé dans son tombeau par son enfant, qui veut son épée, et cette fois, il s’agit bien d’un père mort sans vengeance.

Le géant Berner a provoqué les guerriers du roi de Danemark, et seul le jeune Orm a relevé l’insolent défi. Mais il veut l’épée de son père Siegfried, qui est enterré dans une montagne. Il va frapper à la porte du tombeau ; il frappe si fort qu’il brise le rocher, et le père se réveille.

— Ne puis-je dormir en paix sous la lourde pierre ? Quel est le téméraire qui ose troubler mon repos ?

— C’est moi, ton jeune fils Orm.

— Que veux-tu ? Je t’ai donné, l’année dernière, des monceaux d’or et d’argent.

— C’est vrai, mais aujourd’hui je ne me soucie pas de ces trésors ; je veux Birting, ta bonne épée.

— Tu n’auras pas Birting, avant que tu n’aies été en Irlande venger la mort de ton père.

— Donne-moi l’épée, ou je brise en mille morceaux la montagne qui te sert de tombe.

Le vieux guerrier donne son épée. Orm tue le géant et s’en va ensuite tuer le meurtrier de son père[1].

La Mort de Sigurd, elle aussi, est une histoire d’atroce vengeance. Leconte de Lisle l’a empruntée au plus ancien recueil de poèmes scandinaves que nous ayons : l’Edda.


  1. Chants populaires du Nord, p. 91 : Le combat du géant Berner et d’Orm le jeune écuyer.