Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/151

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Mais l’homme n’existait pas encore. Un jour, les petits-fils de Buri, en passant sur le rivage de la mer, aperçurent un rameau de frêne et un rameau d’aulne qui flottaient. Ils les ramassèrent. Odin leur donna le souffle, un autre l’intelligence, un autre le sang et un beau visage. Et ainsi furent formés l’homme et la femme. L’homme s’appela Aske, la femme Embla.

Alors commença le règne des dieux, qui dure encore, mais qui n’est point exempt d’inquiétudes et qui a subi déjà de terribles assauts. Car la race de leurs ennemis n’est point éteinte. Du géant qui échappa au grand déluge de sang est issu Loki, le génie du mal, qui trompe, tente et raille les dieux. Il a donné naissance à trois monstres : Héla, la mort, qui règne sur l’empire ténébreux ; le serpent Midgard, qui entoure la terre de ses longs anneaux, comme fait dans la légende de Visnou le serpent Cèsa ; enfin le loup Fenris. Les dieux, après de longs efforts, sont parvenus à enchaîner Fenris. Ils ont aussi réduit à l’impuissance Loki pour le punir d’avoir tué Balder.

Balder, le bon Balder, fils d’Odin et de Frigga, était le plus doux et le meilleur des dieux. Depuis longtemps des rêves sinistres lui annonçaient qu’il devait mourir bientôt. Il fit part de ses craintes aux Ases, qui, pour prévenir un si grand malheur, firent jurer à toutes les choses existantes, aux éléments, aux métaux, aux pierres, aux arbres, aux maladies, de ne point attenter à la vie de Balder. Un arbrisseau fut par mégarde oublié. Loki cueillit la tige et la remit au frère de Balder, l’aveugle Holder, qui en frappa son frère, et le dieu mourut. Holder alla le chercher dans l’em-