Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaincu, poursuivi, acculé dans une île ; là, Théodorik aurait été bloqué pendant trois jours et sur le point de succomber ; mais Urien aurait été assassiné par un de ses soldats. Quelle foi mérite cette notice, faite d’après des textes, dont les uns ne sont certainement pas anciens et dont les autres le sont peut-être, mais ont transformé l’histoire en légende dès le lendemain des événements ? Je ne sais trop. Ce qui ne semble pas douteux, c’est que Urien joua vraiment un grand rôle dans les guerres de l’indépendance bretonne et que sa mort, ayant été un désastre pour ceux de sa race, méritait d’être chantée, comme elle le fut, par la voix des bardes.

Des six parties dont est composé le poème de Lywarch Hen d’après la division de La Villemarqué, Leconte de Lisle n’a retenu, avec une phrase de la première, que la seconde, la seule intéressante.

Le barde guerrier s’en va au galop de son cheval, la lance en arrêt, emportant avec lui la tête d’Urien, qu’il a recueillie :


En avant ! terrible Unour’h[1] ! Il était amer, [il était] sombre comme le rire de la mer, le tumulte de la guerre [autour] d’Urien au poignet vigoureux…

Je porte à mon côté la tête de celui qui commandait l’attaque entre deux armées, [la tête] du fils de Kenvarc’h qui vécut magnanime.


  1. Unour’h, d’après La Villemarqué, est un homme, sans doute un compagnon d’armes du barde. Chez Leconte de Lisle, le barde s’adresse à son cheval. Je souligne les passages que le poète a imités de près. Les mots mis entre crochets l’ont été par La Villemarqué.