Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/200

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De même, tout ce qui parlait aux yeux a été soigneusement relevé, décrit avec une nouvelle précision, admirablement mis en relief.


Je ne l’entendrai plus, cette tête héroïque,
Sous la torque d’or roux commander et crier ;
Mais je la planterai sur le fer de ma pique :
Elle ira devant moi dans l’ouragan guerrier.

Oc’h ! oc’h ! C’est le Saxon qui l’entendra crier !

Elle me mènera, Kenwarc’h, jusques au lâche
Qui t’as troué le dos sur le Cap de Penn’hor.
Je lui romprai le cou du marteau de ma hache
Et je lui mangerai le cœur tout vif encor !

Kenwarc’h ! Loup de Kambrie ! oh ! le Cap de Penn’hor !


Détail assez amusant : après toutes ces transformations qui rendaient le poème sauvage et pittoresque à souhait, le héros décapité n’a plus paru avoir un nom digne de son aventure, et il a reçu, en échange, celui de son père. Quand on est « le loup de Kambrie », quand on meurt sur le Cap de Penn’hor, peut-on, en effet, s’appeler tout simplement Urien ? La Tête d’Urien, était-ce un titre pour un poème gallois ? La Tête de Kemuarc’h, voilà qui avait une tout autre physionomie.

Leconte de Lisle reprochait à nos classiques de n’avoir pas appelé Clytemnestre Klutaimnestra : qu’aurait-il dit s’ils l’avaient appelée Léda ?