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Le Mystère des Bardes de l’île de Bretagne ou La doctrine des bardes gallois du moyen âge sur Dieu, la vie future et la transmigration des âmes ; enfin l’Histoire de France d’Henri Martin (à partir de la quatrième édition). Leconte de Lisle connut ces travaux, les étudia et, essayant d’enfermer dans un seul cadre toute l’histoire du druidisme, il écrivit le Massacre de Mona, vaste composition, d’une magnifique et simple ordonnance, d’un pittoresque plein de relief et qui put passer pour une solide page d’histoire tant que l’autorité des documents où elle reposait ne fut pas infirmée.


C’est au temps où le christianisme commence à conquérir les pays du Nord.

Autour de Mona, l’Île sainte, qui, du milieu de la mer haute et rude,


Dresse rigidement les granits de sa côte,


de Mona, la vénérée, autel central du monde, tous les Dieux Kymris se sont assemblés. Innombrables, ils se sont assis sur les rocs ou sur le sable. Il y a l’Esprit du vent et l’Esprit de la tempête, les Esprits des algues et des monts, ceux des cavités, ceux de Kambrie, ceux d’Erinn, ceux d’Armor, les Dieux mâles et les Fées.

Les Bardes sont aussi venus là. Ils ont leur rhote et leur large glaive. Ils se serrent autour de leur chef sacré, le Très-Sage, le Pur, le Saint, l’Auguste, vénérable vieillard, couvert d’une robe aux longs plis blancs. À ses côtés, couronnée de verveine et de primevères,