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CHAPITRE VII


Poèmes sur le nouveau monde


LA GENÈSE POLYNÉSIENNE[1]


Ce poème n’est qu’une brillante traduction d’un chant polynésien en dialecte de Tahiti, recueilli à Raïatea par J.-A. Mœrenhout et publié par lui en 1837 dans ses Voyages aux îles du Grand Océan[2].

Consul général des États-Unis aux îles océaniennes, Mœrenhout habitait depuis longtemps la Polynésie et cherchait en vain des renseignements précis sur les antiques croyances du pays, quand un chef tahitien lui parla d’un vieillard, jadis prêtre à Raïatéa, qui connaissait, disait-il, toutes les traditions. L’Américain dépêcha un messager au vieil indigène. Le messager ne revint qu’après un temps assez long, preuve qu’on avait beaucoup hésité à répondre aux questions posées. Mais enfin il revint et il rapportait une grande feuille de bananier chargée de caractères d’écriture. Mœrenhout y lut d’étranges paroles, dont voici la traduction :


Il était : Taaora était son nom ; il se tenait dans le vide. Point de terre, point de ciel, point d’hommes. Taaora appelle ; mais rien ne lui répond ; et, seul existant, il se changea en l’univers.

  1. Poèmes barbares, VII.
  2. Paris, Arthus Bertrand, 2 vol. in-8o. Voir t. I, p. 419-423.