Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/280

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s’engageaient à tuer désormais, aussitôt après leur naissance, tous les enfants qu’ils auraient ; — sur la conception qu’on se faisait dans les îles océaniennes de la vie future : vie très heureuse pour les Aréoïs, à qui était réservé un ciel supérieur, mais médiocrement désirable pour le commun des mortels, qui s’en allaient dans Pô (la nuit, l’obscurité), non sans avoir eu d’abord. la chair grattée sur tous les os quand ils étaient coupables de quelque irrévérence envers les dieux ; — sur ces dieux enfin, ou atouas, qui étaient innombrables, dieux supérieurs, dieux inférieurs, dieux domestiques, tous fils ou petits-fils de Taaora.

Mais rien, dans les chapitres de Mœrenhout sur la religion des Polynésiens, n’égale en intérêt les renseignements qu’il nous donne sur leur dieu suprême, ni surtout les deux chants cosmogoniques qu’il cite textuellement, en les accompagnant d’une traduction, tels que les lui avait transmis le vieil adorateur de Taaora.

Le premier chant, que nous avons cité plus haut, définit le créateur du monde. Le deuxième nous montre Taaora appelant à lui les éléments pour qu’ils forment la terre :


« Vous, pivots ! vous, rochers ! vous, sables ! Nous sommes[1]. Venez, vous qui devez former cette terre. » — Il les presse, les presse encore ; mais ces matières ne veulent pas s’unir. Alors, de sa main droite, il lance les sept cieux, pour en former la première base, et la lumière est créée ; l’obscurité n’existe plus. Tout se voit : l’intérieur de l’univers brille. Le dieu reste ravi


  1. Je pense que ces deux mots sont la réponse des éléments appelés. Mais je ne me permets pas de rien changer à la ponctuation du traducteur.