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Le monde est la coquille où vit Taaora.
Il dit : — Pôles, rochers, sables, mers pleines d’îles,
Soyez ! Échappez-vous des ombres immobiles ! —
Il les saisit, les presse et les pousse à s’unir ;
Mais la matière est froide et n’y peut parvenir :
Tout git muet encore au fond du gouffre énorme ;
Tout reste sourd, aveugle, immuable et sans forme.
L’Être unique, aussitôt, cette source des Dieux,
Roule dans sa main droite et lance les sept cieux.
L’étincelle première a jailli dans la brume,
Et l’étendue immense au même instant s’allume ;
Tout se meut, le ciel tourne, et, dans son large lit,
L’inépuisable mer s’épanche et le remplit :
L’univers est parfait du sommet à la base.
Et devant son travail le Dieu reste en extase.




LE DERNIER DES MAOURYS[1]


Depuis qu’il avait chanté, d’après de vieux poèmes indigènes, le dieu suprême de Tahiti, Leconte de Lisle n’avait point cessé de s’intéresser aux Polynésiens. Aussi fut-il de ceux qui lurent avec le plus d’attention dans la Revue des Deux-Mondes les articles de Quatrefages sur les Polynésiens et leurs migrations (1er et 15 février 1864). Et plus tard il essaya de condenser toute la substance de ces articles dans un poème qu’il intitula le Dernier des Maourys.

D’où viennent les Polynésiens ? Ne seraient-ils pas autochtones ? Est-il possible qu’ils soient sortis d’Asie, d’Amérique ou d’Afrique ? Car comment supposer que des


  1. Derniers Poèmes, XII.