Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/295

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souterraine dans un sol sablonneux pour cacher sa belle fourrure, et le renard gris, par sa fuite rapide, dépiste les chasseurs qui voudraient lui enlever sa robe soyeuse[1].


C’est du même livre de voyage qu’est probablement sorti le poème qui décrit une chasse aux bisons, la Prairie.

Le buffle, écrit l’abbé Domenech, fournit aux Indiens ce qui est le plus utile à leur existence. Aussi le chassent-ils, non seulement quand ils sont dans la disette, mais toutes les fois qu’ils aperçoivent un troupeau :


Pour ces chasses, les Peaux-Rouges se servent de leurs chevaux les plus agiles et sur lesquels ils montent ordinairement sans selle ; ils se dépouillent même des armes et des vêtements qui pourraient les embarrasser ; ils ne prennent avec eux qu’un arc, des flèches et leur petit fouet pour faire avancer les chevaux… D’autres n’ont pour toute arme qu’une lance.


Les bœufs sont timides de nature : ils se réunissent en masses énormes comptant parfois plusieurs milliers de têtes. Lorsque les chasseurs sont arrivés à deux kilomètres du troupeau, ils le cernent, puis s’approchent en poussant des cris épouvantables. Alors, commence la tuerie. Les chevaux, dressés à cette chasse, conduisent leurs maîtres ; ceux-ci ne s’occupent que de tuer. Si le cheval est tué, l’homme continue la lutte à pied : furieusement attaqué,


  1. Voyage pittoresque, ch. XIII, p. 424 ; ch. XVII, p. 586 ; ch. XIV, p. 459. Dans ce dernier passage le voyageur décrit la forêt au moment où les animaux s’agitent et crient, tandis que le poète la décrit au moment où ils sont assoupis ; mais c’est la même forêt.