Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et mieux vaudrait pour toi, si tu manques sa trace,
               Malheureux ! n’être jamais né.


Laksmana obéit à l’ordre paternel (Leconte de Lisle suppose donc que Laksmana n’a pas accompagné son frère dans l’exil). Laksmana ne sait où découvrir Rama. En vain traverse-t-il les cités et les vallons. En vain interroge-t-il les laboureurs, les filles, les chasseurs, les anachorètes. En vain s’enfonce-t-il dans les forêts à travers les nopals aux tiges acérées et le taillis inaccessible aux chars. Mais tout à coup un cri rauque retentit. Près de lui bondit un Raksas de Lanka, qui fait tournoyer une massue ; en face, le grand Rama sourit et tend son arc qui ploie. La flèche aux trois pointes part et le Raksas mord le sol. Laksmana salue son noble frère, le purificateur des forêts ascétiques et lui transmet l’invitation de Daçaratha.

Les deux jeunes gens partent. Ils passent, en s’en allant, par Mythila. Le roi de Mythila montre à Rama l’arc donné par Civa : puisse le jeune héros ployer l’arme splendide et conquérir ainsi la belle Sita ! — Je briserai cet arc, dit Rama, comme un rameau flétri. — Il saisit l’arme d’or, la tend et la brise. — Sois mon fils, — dit le roi. Et l’époux immortel de Sita,


Plein de gloire, revit ses demeures augustes
               Et le vieux roi Daçaratha.


Si Leconte de Lisle a ingénieusement résumé dans ce poème de trente stances les faits principaux que développe la première partie de l’immense épopée indienne, l’exil de Rama, le désespoir de son père, la mort des Raksas qui