Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/300

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Jézabel pour perdre Naboth : nous les apprendrons seulement par l’événement.

Ce sont là de simples changements de plan qui accélèrent la narration sans modifier en rien le fond des choses.

Une seule altération. Elle est curieuse, parce qu’elle atteste une fois de plus chez l’auteur le parti-pris de mettre beaucoup de noirceur dans l’histoire et de rendre les Poèmes barbares dignes de leur titre.

Lorsque Benabad fut battu, ses serviteurs se présentèrent devant le roi d’Israël, le sac aux reins et la corde au cou, demandant merci pour leur maître et offrant son alliance : Achab les accueillit fort bien et conclut avec son ennemi un traité d’alliance, ce qui lui valut les reproches des prophètes. Leconte de Lisle lui fait, au contraire, massacrer indignement les suppliants : d’un signe, Achab étouffe la prière dans leur gorge, rougit de leur sang les hauts lieux, nourrit ses chiens de leur graisse guerrière.

À ce détail près, et qui ne laisse pas d’être fâcheux, le poète n’a ni imaginé, ni changé aucun fait. Son poème n’en est pas moins, du premier vers jusqu’au dernier, une perpétuelle création.


Quel fut son dessein et quelle fut sa méthode, on le voit clairement rien qu’en rapprochant du verset biblique qui y correspond les deux premières strophes du poème :

Et projiciens se in lectulum suum, avertit faciem suam ad parietem, et non comedit panem.