Cet enfant endormi ne se doute guère qu’il porte en lui le germe d’une éternelle misère pour des myriades de mortels ; ah ! mieux vaudrait que mon bras le saisît dans son sommeil et l’écrasât contre les rochers… que de le laisser vivre pour...
Le Qaïn de Leconte de Lisle refuse d’adorer Dieu : le lâche peut ramper sous le pied qui le dompte et payer le repos par l’avilissement ; lui restera debout ; qu’on l’écrase, sinon il ne ploiera pas. Longtemps, le Caïn de Byron refuse aussi ses adorations à Jéhovah : il n’a jamais jusqu’à présent, dit-il à Lucifer, fléchi le genou devant le Dieu de son père, quoique son frère Abel le supplie de se joindre à lui dans ses sacrifices. S’il se décide enfin à sacrifier, sur les instances d’Abel, c’est en restant debout ; et quand il prie il n’est pas moins insolent que le Qaïn de Leconte de Lisle se refusant à prier :
Esprit ! qui que tu sois, tout-puissant peut-être… et si tu es bon, c’est ce que doivent prouver tes actes…
Si un autel sans victime, un autel non teint de sang peut mériter ta faveur, regarde-le ! et quant à celui dont la main le décore, il est tel que tu l’as fait, et ne cherchant rien de ce qui s’obtient par des génuflexions : s’il est méchant, frappe-le : tu es tout-puissant et tu le peux… quelle résistance ferait-il ? S’il est bon, punis ou pardonne à ton gré, puisque tout repose sur toi, et que le bien et le mal semblent n’avoir de pouvoir que dans ta volonté : qu’elle soit juste ou non, je l’ignore ; n’étant pas tout-puissant, ni destiné à juger la toute-puissance, mais condamné simplement à subir des ordres… que j’ai subis jusqu’ici.
Voilà donc bien des sources pour un seul poème, et de