Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/347

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gazons et que par de là les blés mûrs, lourds de sommeil, la mer tranquille étincelle au soleil ; quand sur les rudes cheveux de l’Aigipan, immobilisé en un rêve souriant, les larges papillons vont se poser comme des flocons de neige : accoudé sur l’épaisse mélisse en face de ce spectacle incomparable, le pasteur, oublieux de la rumeur humaine, laisse couler les heures divines et savoure en paix la lumière des cieux.


Odes anacréontiques. — Médailles antiques. —
Études latines
[1]


Des neuf petites pièces que Leconte de Lisle a réunies sous le titre d’Odes anacréontiques et qui sont toutes dans le même mètre (le gracieux vers de dix pieds coupé après le cinquième), une, l’Abeille, est traduite du Voleur de Miel attribué à Théocrite (Idylle XIX), une autre, la Cavale, est imitée d’un des rares poèmes authentiques qui nous restent du véritable Anacréon (Fragment 75). Les sept autres pièces, les Libations, la Coupe, la Tige d’œillet, le Souhait, le Portrait, la Cigale, la Rose, sont empruntées au faux Anacréon (Odes anacréontiques, IV, XII et XVIII, VII, XX, XXVIII, XLIII, LIII). Leconte de Lisle, en les intitulant Odes anacréontiques, n’ignorait pas que, lorsque Henri Estienne publia pour la première fois en 1554, sous le nom du poète de Théos, les pièces renfermées dans un manuscrit du xe siècle, il fut dupe d’une illusion, que le monde


  1. Poèmes antiques, XXI, XXIX, XXXVIII.