Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/359

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deurs du couchant : voilà ce que nous explique l’auteur d’Hèraklès solaire.

Mais dans son explication il entre autant de poésie que de science. Sa pièce affecte la forme d’un hymne au dieu et fait plus d’une fois songer, par la splendeur des épithètes, aux Hymnes védiques. C’est comme un hymne très ancien qui remonterait aux origines de l’histoire d’Hercule et qui ferait pressentir cependant le développement futur de la légende.


La Robe du Centaure est une allégorie dont le poète nous donne lui-même la clef.

— Antique Justicier, divin Sagittaire, dit-il en s’adressant au héros, comme fait Ovide dans son récit, tu foulais paisiblement la cime de l’Œta ; ton front s’était penché sur ta solide main ; ta massue et ton arc dormaient à ton côté ; tu contemplais, glorieux lutteur, le sol sacré d’Hellas où tu fus invincible. Mais il n’y a pas de trêve ni de repos pour toi : il te faut encore souffrir ; il te faut expier ta grandeur et mourir ; car la robe de Nessus t’étreint et tu n’échapperas à la douleur qu’en te jetant dans les flammes du bûcher.

Et le poète, écho d’Alfred de Vigny, explique qu’une robe expiatoire attend tous les grands hommes, et que cette tunique dévorante, ce sont leurs désirs indomptés. C’est peu d’avoir planté douze travaux sacrés aux haltes du chemin ; c’est peu d’avoir versé longtemps la sueur du génie : source de sanglots, foyer de splendeurs, le génie use, il brûle, il ne fait de l’homme un dieu qu’en le consumant.