Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/368

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versent l’huile sur leurs membres pour les assouplir, se couvrent de longs tissus de lin et entrent aux sons des lyres ioniques dans la vaste salle. Là, dix nymphes d’or massif tendent d’un bras brillant dix torches enflammées ; mille autres flambeaux illuminent la voûte. Le divin Amphion, le front serré du bandeau royal et la lyre à la main, préside le festin. Assise à ses côtés, la fière Niobé, fille de Tantale, contemple avec orgueil ses sept fils et ses sept filles, tandis qu’à ses pieds vingt femmes de Lydie ourdissent des laines violettes. Cependant les vins dorés coulent des cratères d’argent, le miel tombe des amphores profondes, de jeunes canéphores offrent des fruits vermeils aux convives et la table gémit sous le poids des viandes fumantes.

Après ce tableau qui n’a d’autre objet que de peindre les mœurs de la Grèce préhistorique, on voit, comme dans les festins de l’Odyssée, un aède se lever.


Et d’abord il salue les dieux primitifs : l’Aithèr, dominateur de tout et substance première ; les Astres, signaux du ciel ; la Nature, épouse de l’Aithèr, nourrice éternelle, habile et sachant toutes choses ; le vieil Ouranos, agitateur des mondes ; et Zeus, roi du feu, éclatant voyageur. Très beau couplet, riche de style et plein de sens, inspiré des Hymnes orphiques à l’Aithèr, aux Astres, à la Nature, à Ouranos, à Zeus tonnant[1]. Il suffira, pour faire sentir


  1. Hymnes orphiques, IV, VI, IX, III, XVIII. Ces chiffres sont ceux de la traduction de Leconte de Lisle.