Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/386

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Ménélas est absent et Hélène s’inquiète. Elle invoque Pallas, déesse sévère, car la flamme d’Aphrodite la dévore et elle demande à l’aède Démodoce[1] de verser en son cœur la paix que donnent les Muses sacrées. L’aède chante la naissance d’Hélène, fille de Léda et de Zeus, qui, pour séduire Léda, pendant qu’elle se baignait dans l’Eurotas, avait revêtu la forme d’un cygne.

Au moment même où s’achève ce chant voluptueux, qui rappelle une fois de plus à Hélène que sa propre mère fut adultère avec la complicité du roi des Dieux, un messager annonce l’arrivée d’un roi d’Asie et fait une description très homérique de son costume : ses knémides sont retenues par des agrafes d’argent ; sur son casque à deux pointes ondule un crin belliqueux,


Et l’épée aux clous d’or résonne sur ses flancs.


Hélène envoie chercher l’étranger, et ses compagnes chantent l’hospitalité.

Paris entre, est interrogé sur sa patrie et sur l’objet de son voyage, raconte le jugement des Déesses, refait, avec moins de mots et plus d’éloquence, le récit de Kolouthos (qui gagne à être abrégé et à être mis dans la bouche du héros). Hélène s’indigne qu’on ose lui prescrire au nom du Destin d’abandonner Sparte et Ménélas. Elle regrette de ne pouvoir, sans offenser les Dieux, renvoyer son hôte : mais dès demain qu’il reprenne le chemin de l’Asie.


  1. On notera la forme française de ce nom propre. Hélène est un des plus anciens poèmes de Leconte de Lisle. S’il l’eût composé plus tard, il eût appelé sans doute l’aède Dêmodocos.