Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/91

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célestes, Leconte de Lisle nous fait voir Bhagavat étendant sa miséricordieuse pitié jusque sur les animaux.

Un gigantesque éléphant, brûlé par la chaleur, se baignait dans une eau fraîche. Comment il découvrit cette eau, comment il s’y plongea et comment, après s’y être rafraîchi lui-même, il la fit avec sa trompe retomber en pluie sur les femelles, c’est ce que le conteur indien, jamais pressé, explique avec complaisance : Leconte de Lisle supprime ces longueurs et va droit au but. — Tout à coup un crocodile saisit l’éléphant au pied. La lutte des animaux dura, d’après le récit indien, mille ans, et le narrateur, tout habitué qu’il soit à jongler avec les chiffres, ne peut s’empêcher de reconnaître que ce fut là un grand miracle. Enfin le roi des éléphants, entraîné par son ennemi, s’enfonça dans les eaux. Il réfléchit fort longtemps, puis, se décidant à invoquer Bhagavat, il lui adressa une prière qui ne forme pas moins de trente versets : Leconte de Lisle réduit cette prière à deux vers ; encore n’attend-il point pour le faire parler que l’éléphant ait la tête sous l’eau.

Bhagavat brisa les dents du crocodile[1],


Nous approchons du dénouement.

Consumés de désirs aux chants des musiciens célestes, les trois brahmanes cherchent Bhagavat. Ils le découvrent :


C’était le Dieu. Sa noire et lisse chevelure,
Ceinte de fleurs des bois et vierge de souillure,
Tombait divinement sur son dos radieux ;


  1. Liv. VIII, ch. II et III ; Burnouf, t. III, p. 177.