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han de Belin, son frere, connestable d’Armenie[1], salut. Sachiez quant je fui meuz pour aler en Tharse de par mon seigneur le roy d’Armenie, Nostre Sires me conduist sain et sauf jusques à une ville que l’en apelle Sance[2], et vous fais asavoir que je ai veu en la voie mainte estrange contrée. Nous lessames Ynde à desriere, par devers Baudas et meismes ii mois à passer toute la terre de ce reamme. Nous veismes mout de citez que les Tartarins avoient destruites et gastées, desquelles nus ne porroit dire la grandeur, ne les richeces dont elles estoient plaines. Nous veismes plus de c mile monciaus des genz du païs et de la contrée, que les Tartarins avoient ocis. Et se la grâce de Dieu n’eust amené les Tartarins pour conbatre aus Sarrazins, il eussent destruit toute la terre que les crestiens tiennent el reanme de Surye. Noz passames une grant riviere qui vient de paradiz terrestre, que l’en apelle Gion[3], qui est large de l’un rivage à l’autre par l’espace d’une grant jornée. Et bien voz faisons asavoir que des Tartarins est si grant plenté qu’il ne pevent estre nombré par homme. Il sont laide gent de visages et divers[4]. Je ne vous porroie dire ne deviser la maniere dont il sont, fors qu’il sont bons archiers

    pron, seconde femme d’Henri Ier, qui était sœur d’Hayton Ier, roi d’Arménie.

  1. Dans le texte latin, on a : sorori suæ Emelinæ reginæ, nobili viro Johanni de Ybelim fratri suo, conestabularius Armeniæ salutem. C’est don le connétable d’Arménie qui adresse sa lettre au roi et à la reine de Chypre et à Jean de Belin.
  2. Dans G. de Nangis, cette ville est appelée Sautequant ; ce serait Samarkand (A. de Rémusat, op. cit., p. 434).
  3. Gion, l’ancien Oxus, auj. l’Amou-Daria.
  4. Divers ; latin : « plurimque facierum ».