Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/192

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valier et l’enmenroit en France, et li donroit graindre terre qu’il ne tenoit et plus grande seignorie. Et Julian respondi qu’il ne seroit ja crestien.

[1]Aus couvenances affermer en la maniere que le roy avoit promis au soudan, voudrent li Sarrazin qu’il meist en ses letres qu’il renioit Dieu, le fiuz de la Virge, s’il ne tenoit couvenant de ce qu’il prometoit. Et les admiraus metoient en leur letres qu’il renieroient Mahommet et sa loy et toute sa puissance s’il faisoient rienz encontre les couvenances dessus dites, pour chose qu’il seussent dire ne faire ; ne s’i volt le roy acorder. Lors dist i amiraut : « Nous nous merveillons comme tu soies nostre esclave et nostre chétif, comment tu oses parler si baudement. Saches, se tu ne t’i acordes, je t’ocirrai tout maintenant. » Le roy respondi : « Le cors de moi porrez ocirre ; mais l’âme n’ocirrez vous ja. » A la parfin furent les couvenances jurées à tenir fermes en la maniere qu’il avoient esté acordées entre le roy et le soudan, et assenerent jour quant li prisonnier seroient delivré et Damiete rendue. Bien est la verité que à rendre Damiete ne s’acorda pas le roy de legier ; mais il li fu bien dit et moustré d’aucuns sages hommes que il ne la porroit tenir longuement sanz estre perdue. Au jour qu’il fu determiné, Damiete fu rendue aus amiraus[2] et il delivrerent

  1. Cf. Vie de saint Louis, par Guillaume de Saint-Pathus, éd. Delaborde, p. 23 et 24.
  2. Damiette fut rendue aux Sarrasins le 6 mai 1250 au soleil levant et le roi et les autres prisonniers furent délivrés le même jour au soir (Joinville, chap. lxxii à lxxiv. Voir aussi chap. lxxv et lxxvi, pour le paiement de la rançon qui se fit dans les journées des 7 et 8 mai).