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LXXX.
Comment le roy fist pluseurs religions[1].

Dès le temps de s’enfance, fu le roy piteus des povres et des souffreteus. Il avoit acoustumé, partout là où il estoit, que vi vins povres fussent peuz[2] en son hostel chascun jour ; en quaresme croissoit le nombre ; et souvent estoit que le roy les servoit et metoit devant eus la viande, meesmement aus hautes vegilles des festes sollempnieus. Avoec tout ce, il donna granz aumosnes et larges aus povres hospitaus, aus povres maladeries et as autres povres colleges, et aus povres qui plus ne pooient labourer par viellece ou par maladie, qu’à paine pooit estre raconté le nombre des povres qu’il soustenoit. Dont nous poons bien dire qu’il fu plus beneuré que Tytus l’empereeur de Romme, dont l’estoire raconte qu’il estoit trop forment corroucié le jour qu’il n’avoit largement donné aus povres.

Dès le commencement que il vint à son reamme tenir et il se sot apercevoir, commença-il à hedefier pluseurs moustiers et meisons de religion[3] ; entre lesquelles, Reaumont[4] fu une des nobles et de grant renon. Il fist hedefier pluseurs maisons de Preecheeurs

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 406-407. Cf. Geoffroi de Beaulieu, op. cit., chap. xix ; Guillaume de Saint-Pathus, op. cit., p. 87-89, et Joinville, chap. cxlii et cxliii, dans lesquels il reproduit ce chapitre des Grandes Chroniques.
  2. Peuz, nourris.
  3. Sur toutes les fondations faites par saint Louis, voir Lenain de Tillemont, t. V, p. 298-324.
  4. Sur la fondation de Royaumont, voir ci-dessus, chap. xii.