Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/28

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Guillaume de Nangis laisse entendre que, quoique peu lettré, il a glané des épis des docteurs qui moissonnaient, pour composer son ouvrage[1]. Or, sous ce titre de metentes doctores, qui pouvait-il désigner, sinon les hommes qui, à son époque, écrivirent sur l’histoire ou sur saint Louis les plus remarquables travaux ? Vincent de Beauvais, comme nous l’avons déjà dit, est certainement un de ces docteurs dans l’œuvre duquel il glana. Mais, sous le règne de saint Louis et pendant quelque temps encore après, quel fut avec lui le chroniqueur le plus en vue ? Nous ne pensons pas nous tromper en désignant Primat. En effet, ce fut lui qui composa les Grandes Chroniques, dont le succès fut incontestable, et qui écrivit la chronique de saint Louis, que Jean du Vignay traduisit comme faisant la suite de l’œuvre de Vincent de Beauvais[2]. Si l’on continua l’ouvrage du célèbre dominicain à l’aide de celui de Primat, c’est qu’il ne fut pas jugé trop inférieur. Nous croyons donc que ne pas vouloir admettre Primat comme une des sources de Guillaume de Nangis, parce que ce denier ne l’a pas nommé, c’est mal interpréter le texte du prologue des Gesta Ludovici IX. Que ce compilateur ajoute des épisodes au récit de Primat ou qu’il en retranche, il agit avec lui comme avec Geoffroi de Beaulieu, qu’il ne copie pas, mais dans l’œuvre duquel il choisit ce qu’il juge à propos

  1. « Pauper et modicus in scientia litterarum, ad instar illius recolendae muleris Roth ad agros cucurri scripturarum, spicas inde recolligens metentium doctorum, quas nobis post tergum suum de industria reliquerunt » (Ibid., p. 310).
  2. Cf. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 63, chap. xliv, et p. 105-106, chap. lxxix.