Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/148

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Serviront à faire les niches,
Frises, chapiteaux et corniches,
Les colomnes d’ordres divers ;
Mais dans ce pompeux edifice,
Pour monstrer un rare artifice,
Je ne dois monstrer que tes vers.

Je veux y mettre ce vallon
Où tu possedois les neuf Muses,
Et les y paindre aussi confuses
Comme pour la mort d’Apollon :
Là ce Dieu, dont tu fus la cure,
Semblera quereller Mercure
Et le morguer avec mespris,
Luy reprochant que par envie
Sa verge t’osta de la vie,
De peur de perdre un plus beau prix.

J’y veux paindre Parnace encor,
Hipocrene en son onde molle,
Et, dessus ce cheval qui volle,
La Renommée avec son cor,
Qui, monstrant le globe du monde,
Infiny dans sa forme ronde,
Dira que de mesme aujourd’huy
Ton renom, que j’immortalise
Dans ces vers que je veux qu’on lise,
N’aura de fin non plus que luy.

Après, d’un artiste burin,
Enchainez et la teste basse,
J’y mettray Filin[1], de Garasse,
Et le guaillard pere Guerin,
Dont les trois diverses follies
Aux plus noires melancholies
Derideront le front hideux ;

  1. Filin est mis là pour Voisin.