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AU ROY, SUR SON EXIL.

ODE.


Celuy qui lance le tonnerre,
Qui gouverne les elemens,
Et meut avec des tremblemens
La grande masse de la terre ;
Dieu, qui vous mist le sceptre en main,
Qui vous le peut oster demain,
Luy qui vous preste sa lumiere,
Et qui, malgré les fleurs de lis,
Un jour fera de la poussière
De vos membres ensevelis ;

Ce grand Dieu qui fit les abysmes
Dans le centre de l’univers,
Et les tient toujours ouvers
À la punition des crimes,
Veut aussi que les innocens,
À l’ombre de ses bras puissans,
Trouvent un asseuré refuge,
Et ne sera point irrité
Que vous tarissiez le deluge
Des maux où vous m’avez jetté.

Esloigné des bords de la Seine
Et du doux climat de la cour,
Il me semble que l’œil du jour