Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


De m’avoir fait venir aux coups ;
La campagne estoit allumée,
L’air gros de bruict et de fumée,
Le ciel confus de nos debats,
Le jour triste de nostre gloire,
Et le sang fit rougir la Loire
De la honte de vos combats.

C’est assez fait de funerailles ;
On void un assez grand tableau
De chevaux, d’hommes, de murailles,
Que la flamme a jetté dans l’eau ;
C’est assez, le ciel s’en irrite,
Et, de quelque si grand merite
Dont l’honneur flatte nos exploits,
Il n’est rien de tel que de vivre
Soubs un roy tranquille, et de suivre
La saincte majesté des loix.



AU ROY.

ESTREINE.


Le dessein que j’avois de saluer le roy,
Et de lui faire un don de mes vers et de moy,
D’une vieille coustume aux presens ordonnée,
Attendoit que le temps recommençast l’année.
Mais mon juste devoir ne s’est peu retenir :
Je trouve que ce jour est trop long à venir,
Et ce n’est point icy le temps ny la coutume,
À qui je donne loy de gouverner ma plume :
Quelque jour de l’année où je respire l’air,
C’est de ce fils des dieux de qui je dois parler.
Mon ame en adorant à cest objet s’arreste,