Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/300

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Le remords vous doit bien punir,
Votre âme est bien peu libérale
De lui nier le souvenir
D’une grâce si générale.
Que vos fureurs changent d’objet !
Aussi bien, cherchant le sujet
De la haine qui vous anime,
Vous ne trouverez point de quoi,
Sinon que la faveur du Roi
Tienne lieu de honte et de crime.

Ceux qui veillent à rechercher
Quelque juste sujet de blâme,
Ne peuvent point lui reprocher
Un défaut du corps ni de l’âme.
Pour moi, lorsque je pense à lui,
Cette envie qui pousse autrui,
De mes sens bien loin se retire ;
Tous mes vers vont au compliment,
Et ne saurais trouver comment
Il se fait prendre à la satire.

S’il est coupable, c’est d’avoir
Trop de justice et de vaillance,
D’aimer son Prince, et recevoir
Les effets de sa bienveillance.
Grand Duc, laisse courir le bruit,
Et goûte doucement le fruit
Que la bonne fortune apporte.
Tous ceux qui sont tes ennemis
Voudraient bien qu’il leur fût permis
D’être criminels de la sorte.

Jamais à leurs funestes vœux
Un Dieu propice ne réponde ;
Jamais sinon ce que tu veux
Ne puisse réussir au monde ;
Que toujours de meilleurs succès