Page:Vicaire - L’Heure enchantée, 1890.djvu/148

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Depuis la nuit de ses aveux,
Son front blanc s’est couvert de cendre ;
Elle a meurtri sa gorge tendre,
Elle a coupé ses longs cheveux.

Dans une grotte de feuillage,
Elle est seule au pied de la croix ;
Elle mange les fruits des bois
Et l’eau de pluie est son breuvage.

Parfois un oiseau bigarré
Vient se poser à côté d’elle ;
Elle regarde une hirondelle
Qui traverse le soir doré.

La mésange et le hoche-queue
Enchantent souvent son réveil ;
Elle aime à voir, en plein soleil,
Une fleurette faune ou bleue.

Mais, comme tout va lentement !
De quel pas traînant marche l’heure !
Quand donc s’ouvrira la demeure
Où l’attend l’immortel amant ?

Elle regrette ses folies
Et le trésor de sa beauté ;
Un âcre goût de volupté
Remonte à ses lèvres pâlies.