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qui, dans l’âge mûr, se demanderait à lui-même les causes élémentaires de ses antipathies et de ses sympathies pour les individus, les corps collectifs, ou même les divers peuples, en retrouverait peut-être dans ses années, les plus tendres les premières et imperceptibles semences, et peut-être les retrouverait-il peu différentes de celles que j’accuse à mon égard, et tout aussi mesquines. Oh ! la mince chose que l’homme !





CHAPITRE VII.

Mort de mon oncle paternel. — Je deviens libre pour la première fois. — Mon entrée dans les premiers appartenions de l’Académie.



Après un séjour de dix mois à Cagliari, mon oncle y mourut. Il n’avait guère que soixante ans, mais sa santé n’était pas très-bonne ; et avant son départ pour la Sardaigne, il ne cessait de me dire que je ne le reverrais plus. Je n’avais pour lui qu’une affection fort tiède ; je ne le voyais que rarement, et il s’était toujours montré sévère et presque dur à mon égard, jamais injuste cependant. C’était un homme digne d’estime pour sa droiture et son courage, et il avait fait la guerre avec distinction. Doué d’un caractère très-ferme et très-net, il possédait toutes les qualités nécessaires pour bien commander. Il passait, en outre, pour avoir beau-