Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elles ont la main moins ferme pour maintenir la discipline, surtout parmi les garçons de 14 à 16 ans.

Autant que je puis m’en souvenir, dans les salles de classe, les garçons se rangent d’un côté et les filles de l’autre ; la cour aussi est généralement divisée en deux parties, où les élèves des deux sexes jouent séparément. Ce système d’écoles mixtes est absolument général aux États-Unis ; mais il ne manque pas de critiques, même parmi les Américains. Au fait, plusieurs trouvent que cette confusion dans l’école mène jeunes gens et jeunes filles à une trop grande liberté d’allure entre eux, et diminue dans leur esprit le prestige du mariage.

Notons en passant ce trait de mœurs américaines, une jeune fille ne va jamais seule ; elle est toujours accompagnée d’un jeune homme qui lui sert « d’escorte ». On se promène ensemble ; ensemble on va aux réunions ou fêtes publiques ; d’ordinaire tout finit par un mariage, mais pas toujours…, car il peut arriver que la jeune fille change son « escorte » contre une autre, ou que le jeune homme sente le besoin de porter ailleurs ses services. Malgré tout, les scandales sont rares et les convenances sociales paraissent toujours observées.

L’école aussi est essentiellement neutre ; si vous voulez une école confessionnelle, vous pouvez la créer à vos frais, tout en payant l’impôt général pour les écoles publiques ; mais si vous envoyez vos enfants aux écoles primaires de l’État, il faut en passer par cette neutralité stricte. Dans les salles de classe, aucun emblème religieux, rien que le portrait du président et celui de l’immortel Washington. Il n’est pas permis à l’instituteur de faire une prière quelconque, ni même de prononcer le nom de Dieu, du moins si les parents d’un des enfants s’y opposent. Ce fut la raison pour laquelle les Sœurs canadiennes de la Provi-