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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

entendu par les membres du Congrès Fédéral et les sénateurs et députés des parlements de chaque État.

Bon nombre de citoyens savent à peine pour qui ils votent. Un de mes domestiques ne savait même pas que le candidat à la Présidence s’appelait Roosevelt ; mais il était républicain et il votait aveuglément la liste républicaine. Un autre de mes hommes était démocrate, et sans mieux connaître la liste que lui avait fournie l’agent électoral, il la vota aussi tout entière les yeux fermés.

L’argent coule à flots et la corruption va son train presque ouvertement. J’ai entendu un électeur se plaindre amèrement le lendemain des élections : il avait vendu son vote à lui des deux partis pour cinq dollars, lorsqu’il apprit le lendemain que le parti opposé en avait offert dix. Un grand agent électoral aussi, c’est le whisky ; la loi, ce jour-là, ordonne de fermer les débits de boissons (salons) ; mais on tourne la loi d’une façon éhontée. Les « salons » sont en effet fermés ; mais les barriques de whisky s’alignent dans la rue et la journée dégénère en une vraie saturnales.

Un détail peu connu concernant les élections aux États-Unis, c’est que le Président et le Vice-Président élus, s’ils ne sont pas francs-maçons, doivent se faire officiellement affilier aux Loges.

Une autre distraction, heureusement fort rare, c’était un incendie ou la nouvelle d’un attentat commis dans les environs, par exemple un train dévalisé. Nous eûmes plusieurs histoires de ce genre pendant mon séjour à Frenchtown. J’en prends l’occasion pour dire comment les bandits opèrent dans cette circonstance. Naturellement, ils jettent leur dévolu sur un train qu’ils supposent richement chargé. Parfois, pour obliger le mécanicien à ralentir la marche, ils agitent sur la voie une lanterne