Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/157

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mariés à des femmes indiennes, et de ces mariages sont nés 650 enfants métis. Donc dans la Réserve plus d’un quart de la population est composé de métis. Et ce qui a lieu chez les Pieds-Noirs, a lieu également dans les autres tribus. Il s’ensuit que des 250.000 Indiens vivant aux États-Unis, il faut retrancher au moins un bon quart qui ne sont pas de purs Indiens. En outre, les maladies déciment les sauvages, surtout, la tuberculose. En deux ans, le chef de tous les Pieds-Noirs, voisin de la Mission, a vu mourir dans sa case sept de ses fils, à l’âge de dix ans et au-dessous, presque tous victimes de cette maladie. Un autre Indien, nommé le Jeune-Chef, a perdu en peu de temps ses quatre fils, et il en est de même, plus ou moins, de beaucoup d’autres. La seule consolation est que presque tous ces enfants meurent baptisés.

Passer d’une vie nomade à une demeure fixe est souvent mortel pour les Indiens, pareils à des oiseaux qu’on enfermerait dans une cage. Mais ce qui leur est le plus nuisible, c’est le changement de nourriture. Ils étaient habitués à la viande de buffle qu’ils mangeaient à satiété  ; privés de cet aliment, ils se trouvèrent dans une grande pénurie. Le gouvernement américain vint à leur secours en disant : Cédez-moi une partie de vos terres et je vous donne tant  ; ou je vous nourris pendant tant d’années jusqu’à concurrence de cette somme. Ainsi les sauvages pressés par la faim vendirent presque pour rien d’immenses territoires. Par exemple, il y a quelques années, les Indiens de la tribu des Corbeaux cédèrent deux millions d’arpents de terre à 50 sous l’arpent  !

À partir de ce moment, le gouvernement élève au milieu de la Réserve indienne une maison appelée Agence, où l’on distribue chaque semaine les provisions ou rations