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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

nir tout ce monde après le dîner pour un office du soir. Pour la même raison, il n’y a pas de catéchisme  ; je dirai plus tard comment on suppléait à cette lacune.

La vallée est exclusivement habitée par des Canadiens-Français, venus dans le pays vers 1860. J’étais heureux d’avoir l’occasion, sans être jamais allé au Canada, de connaître cette race forte et vaillante. «  Les Canadiens, dit un de leurs historiens, ont toujours été fiers de leurs origines. Ils ont raison, car ils sont peut-être les seuls au monde qui puissent en revendiquer d’aussi pures et d’aussi honorables. À dater de 1635, ce sont de robustes paysans français, venus de Normandie, de Bretagne, de Saintonge, du Maine et du Perche, qui commencent à se fixer au Canada et à faire souche d’honnêtes gens.  »[1]

Personne n’ignore en effet que ce qui distingue essentiellement le Canadien, c’est l’amour de la religion et l’esprit de famille. Sur cette terre classique du divorce et du mariage «  scientifique  », ils continuent à donner l’exemple des bonnes mœurs et de la fidélité à la loi chrétienne.

Un autre trait caractéristique des Canadiens, c’est leur prosélytisme  ; ce sont eux qui, en explorant l’Amérique du Nord jusque dans ses profondeurs, ont porté partout la foi catholique. Ils accompagnaient les missionnaires, affrontaient les mêmes dangers et plus d’une fois tombèrent martyrs à leur côté. Chose étrange  ! les Iroquois, ces cruels bourreaux des Brébœuf, des Jogues, des Lallemant, devinrent, après leur conversion, les apôtres des tribus indiennes des États-Unis  ; les Têtes-Plates avaient connu par eux la religion catholique lorsqu’ils envoyèrent leurs chefs jusqu’à Saint-Louis, chercher les Robes Noires.

  1. De Baudoncourt, Histoire populaire du Canada, p. 57.