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LIVRE II. — CHAPITRE V.

grands avantages qu’elle procure, et réfutait les calomniateurs de la philosophie. C’était l’exhortation (Προτρεπτικόν).

Après avoir bien préparé son malade, le médecin doit indiquer les causes des maladies, et leurs remèdes. De même, le philosophe délivre l’esprit des fausses opinions et lui présente les vraies. Tel était l’objet du second livre : il traitait des Biens et des Maux (Περὶ ἀγαθῶν καὶ κακῶν).

Le médecin poursuit un but qui est la santé. La fin que se propose le philosophe est le bonheur. Le troisième livre de Philon traitait des Fins (Περὶ τέλων).

Il ne suffit pas au médecin de donner la santé, il faut encore la conserver, et indiquer les précautions à prendre. Le philosophe donne aussi les préceptes les plus capables d’assurer le bonheur ; c’est ce que faisait Philon dans son quatrième livre sur les Manières de vivre (Περὶ βίων). Il traitait ce sujet à un double point de vue : d’abord il indiquait les règles particulières, applicables seulement à quelques-uns. Par exemple, le sage doit-il s’occuper des affaires publiques, fréquenter les grands, se marier ? Dans une seconde partie du même livre, qui, en raison de son importance, formait un livre à part, le Politique, il traitait les questions générales, celles qui intéressent tout le monde : quelle est la meilleure forme de gouvernement ? les honneurs et les dignités doivent-ils être accessibles à tous ?

Si tous les hommes pouvaient être sages, Philon se serait arrêté là ; mais il faut tenir compte aussi de la moyenne des hommes, de ceux qui ne peuvent s’élever à la perfection, et, faute de loisirs, ne lisent pas les livres des philosophes. De bons conseils peuvent leur être utiles ; de là le dernier livre de Philon, les Préceptes Ὑποθετικὸς λόγος qui présentait en abrégé les indications les plus propres à assurer la rectitude du jugement et la droiture de la conduite.

Le rapprochement obstiné que Philon établit entre la philosophie et la médecine pourrait donner à penser que déjà, comme le feront plus tard les nouveaux sceptiques, il songe à n’employer d’autre méthode que l’observation et l’expérience, lais-