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LIVRE II. — CHAPITRE V.

chée mollement dans le sein de l’oisiveté tranquille, et n’estime même pas, quoiqu’on l’en accuse souvent, que l’ignorance et l’incuriosité soient deux doux oreillers pour une tête bien faite. Elle est plus grave, plus raisonnable, plus mesurée, plus bourgeoise en quelque sorte, et son principal mérite est peut-être que, sans être vulgaire, elle est à la portée de tout le monde.

C’est avec lui que la nouvelle Académie atteignit son apogée. Elle garda ce qu’il y avait d’excellent chez Carnéade, avec un plus vif souci des choses morales, avec je ne sais quoi de plus tempéré et de plus doux. Mieux que personne, Philon nous permet de nous faire une idée de ce que furent ces philosophes trop maltraités par l’histoire. Esprits déliés et subtils, éloquents sans affectation et ennemis de tout pédantisme, ouverts à toutes les idées justes sans être dupes des mots, sûrs dans leurs amitiés, les nouveaux académiciens furent les plus aimables de tous les philosophes. Très certainement ils valent mieux que leur réputation. La philosophie de Cicéron, qui est la leur, malgré ses lacunes et ses faiblesses, n’est pas une philosophie méprisable, et ce n’est pas un de leurs moindres mérites d’avoir su conquérir et garder la préférence de Cicéron.

Après Philon, la nouvelle Académie ne fit plus que décliner. Antiochus passa à l’ennemi. Les autres successeurs de Philon n’eurent point d’éclat. Philon de Larisse fut le dernier des académiciens.