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L’enfant n’avait encore soufflé mot, le cœur gros, très effrayée. Un violent coup de foudre éclata sur les toits ; alors elle pleura, se cachant la figure dans la robe de sa mère.

Le jeune homme se désespérait par de courtes exclamations, ne savait qu’imaginer pour sortir Valentine de ce mauvais pas.

Elle ne haussait plus les épaules ; sa fanfaronnade s’éteignait sous cette eau qui croulait, pesante comme l’eau d’une écluse. Maintenant ses pieds se glaçaient dans l’herbe inondée ; la mince étoffe de son corsage se plaquait à sa chair, et elle levait une figure navrée sur Edmond, serrée près de lui, le dos à l’arbre, tandis que Berthe pleurait dans ses jupes.

Le jeune homme, d’abord, fouilla au loin, à travers les grilles, comme s’il allait appeler quelque voiture à son secours. Il sentait, tout contre lui, la chaleur frissonnante de ce corps de femme, et, pour parler, il voulut consoler la gamine.

Alors il vit le costume lamentable de Mme Vintéjoux ; à présent l’étoffe mouillée la déshabillait, se rosait du rose de sa peau, dessinait jusqu’aux baleines du corset, à l’ombre de la gorge marmoréenne.

Son regard rencontra celui de Valentine et, quoique bien troublé par ce regard limpide qui plongeait résolument dans le sien, il s’aperçut de la vive rougeur de la jeune femme, une rougeur qui teignait son teint de blonde d’un incarnat de fleur.

— Dis, maman, c’est fini ?…

L’enfant sortait la tête, amusée aux perles d’eau accrochées aux feuilles des fusains.

Un nuage à grandes volutes se drapait vers l’est, ainsi que les rideaux boursouflés des peintures décoratives ; il décou-