Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/123

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je dis un mot de la position où je me trouvais, donnèrent à mon bénéfice un assaut qui me fournit une centaine d’écus. Muni de cette somme, qui me mettait pour quelque temps à l’abri du besoin, je recommençai à courir les lieux publics, les bals. Ce fut alors que je formai une liaison dont les circonstances et les suites ont décidé du sort de ma vie tout entière. Rien de plus simple que le commencement de cet important épisode de mon histoire. Je rencontre au bal de la Montagne une femme galante, avec laquelle je me trouve bientôt au mieux ; Francine, c’était son nom, paraissait m’être fort attachée, elle me faisait à chaque instant des protestations de fidélité, ce qui ne l’empêchait pas de recevoir quelquefois en cachette un capitaine du génie.

Je les surprends un jour, soupant tête à tête chez un traiteur de la place Riourt : transporté de rage, je tombe à grands coups de poing sur le couple stupéfait. Francine, tout échevelée, prend la fuite, mais son partner reste sur la place : plainte en voies de fait ; on m’arrête, on me conduit à la prison du Petit-Hôtel. Pendant que mon affaire s’instruit, je reçois la visite de quantité de femmes de ma connaissance, qui se font