Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/160

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domicile, après avoir toutefois rempli mes poches de grosses pierres, qui, en cas de nouvelle algarade, pouvaient servir à protéger ma retraite. Ces munitions restèrent heureusement inutiles. À ces mots : Gare aux requins (douaniers), je fus reçu d’une manière presque amicale ; car mon agilité, ma force, me rendaient un sujet précieux dans cette profession, où l’on est souvent obligé de transporter précipitamment d’un point à un autre les plus lourds fardeaux. Un Bordelais, qui faisait partie de la troupe, se chargea de me former et de m’enseigner les ruses du métier ; mais je devais être appelé à l’exercer avant que mon éducation fût bien avancée.

Je couchais chez Peters avec douze ou quinze contrebandiers hollandais, danois, suédois, portugais ou russes ; il n’y avait point là d’Anglais, et nous n’étions que deux Français. Le surlendemain de mon installation, au moment où chacun gagnait son grabat ou son hamac, Peters entra tout à coup dans notre chambre à coucher, qui n’était autre chose qu’une cave contiguë à la sienne, et tellement remplie de barriques et de ballots, que nous avions peine à trouver place, pour suspendre les hamacs. Peters avait quitté son costume ordinaire, qui était