Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/169

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je connaissais la clef des cachots, elle était la même pour tous ceux du même étage ; j’en exécutai le modèle avec une grosse carotte, puis je fabriquai un moule avec de la mie de pain et des pommes de terre. Il fallait du feu, nous en obtînmes en fabriquant un lampion avec un morceau de lard et des lambeaux de bonnet de coton. Enfin la clef fut coulée en étain ; mais elle n’allait pas encore, et ce ne fut qu’après plusieurs essais et de nombreuses retouches, qu’elle fut en état de servir. Maîtres ainsi des portes, il nous fallait encore pratiquer un trou dans le mur contigu aux greniers de l’Hôtel-de-ville. Un nommé Sallambier, qui occupait le dernier des cachots de l’étage, trouva moyen de pratiquer ce trou, en coupant un des madriers. Tout était disposé pour l’évasion ; elle devait avoir lieu le soir, lorsque le concierge vint m’annoncer que mon temps de cachot étant expiré, j’allais être remis avec les autres prisonniers.

Jamais faveur ne fut peut-être reçue avec moins d’enthousiasme que celle-là. Je voyais tous mes préparatifs perdus, et je pouvais attendre encore longtemps une circonstance aussi favorable. Il me fallut cependant en prendre mon