Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/178

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et qu’il fallait le ménager, je lui promis de faire ce qu’il désirait. Grandes protestations de reconnaissance et offres de services. Je le pris au mot : j’exigeai qu’il m’apportât un couteau et deux grands clous, dont Desfosseux m’avait dit avoir besoin ; et une heure après je les avais. En apprenant que je m’étais procuré ces objets, celui-ci fit autant de cabrioles que le lui permit l’exiguïté de son local et le poids de ses fers ; Doyennette se livrait également à la joie la plus vive, et comme la gaieté est en général communicative, je me sentais tout aise sans trop savoir pourquoi.

Lorsque ses transports se furent un peu calmés, Desfosseux me dit enfin de regarder si dans la voûte de mon cachot il ne se trouvait pas cinq pierres plus blanches que les autres ; sur réponse affirmative, il me dit de sonder les joints avec la pointe du couteau. Je reconnus alors que le ciment des joints avait été remplacé par de la mie de pain, blanchie avec des râclures, et Desfosseux m’apprit que le détenu qui occupait avant moi le cachot où je me trouvais avait ainsi tout disposé pour déranger les pierres et se sauver, lorsqu’on l’avait transféré dans une autre prison. Je passai