Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/298

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un lièvre au gîte, quand, longtemps avant que le jour ne dût paraître, j’entendis frapper à la porte à coups de crosses de fusil. Ma première idée, comme celle de tout homme qui se trouve dans un mauvais cas, fut qu’on avait découvert mes traces, et qu’on venait m’arrêter ; je ne savais plus où me fourrer. Pendant que les coups redoublaient, je me rappelai enfin les soldats couchés dans l’étable, et mes alarmes se dissipèrent. « Qui est là ? dit le maître de la maison, s’éveillant en sursaut. — Vos soldats d’hier. — Eh ! bien, que voulez-vous ? — Du feu, pour allumer nos pipes avant de partir. » Notre hôte se leva alors, chercha du feu dans les cendres, et ouvrit aux soldats. L’un des deux, regardant sa montre à la clarté de la lampe, dit : « Il est quatre heures et demie… Allons, partons, l’étape est bonne… En route, mauvaise troupe. » Ils s’éloignèrent en effet ; l’hôte souffla la lampe et se recoucha. Pour moi, ne voulant pas plus m’habiller devant mes compagnes, que m’y déshabiller, je me levai aussitôt, et, rallumant la lampe, j’endossai de nouveau ma robe de bure ; puis je me mis à genoux dans un coin, feignant de prier Dieu en attendant le réveil de la famille. Il ne se fit pas