Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/352

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sud-ouest, et le Barras, excellent marcheur, filant ses dix nœuds à l’heure, eut bientôt guéri tout le monde. En ce moment la vigie cria : Navire à bâbord. Le capitaine saisissant sa lunette, déclara que c’était un caboteur anglais, sous pavillon neutre, que le coup de vent avait séparé de quelque convoi. On arriva sur lui vent arrière, après avoir hissé pavillon français. Au second coup de canon, il amena sans attendre l’abordage ; l’équipage fut mis à fond de cale, et la prise dirigée sur Bergen (Norvège), où la cargaison, composée de bois des Îles, trouva bientôt des acheteurs.

Je restai six mois à bord du Barras : mes parts de prise commençaient à me faire un assez bon pécule, quand nous entrâmes en relâche à Ostende. On a vu que cette ville m’avait toujours été funeste ; ce qui m’y arriva cette fois me ferait presque croire au fatalisme. Nous étions à peine entrés dans le bassin, qu’un commissaire, des gendarmes et des agents de police, vinrent à bord pour examiner les papiers de l’équipage ; j’ai su, depuis, que ce qui avait provoqué cette mesure, en quelque sorte inusitée, c’était un assassinat dont on supposait que l’auteur pouvait se trouver parmi nous. Quand