Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/362

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cependant à le faire renoncer à ce beau projet.

Lors du ferrement, qui présenta les mêmes circonstances que lors de mon premier départ, on me plaça en tête du premier cordon avec un des plus célèbres voleurs de Paris et de la province ; c’était Jossas, plus connu sous le nom du marquis de Saint-Amand de Foral, qu’il portait habituellement. C’était un homme de trente-six ans, ayant des formes agréables, et prenant au besoin le meilleur ton. Son costume de voyage était celui d’un élégant qui sort du lit pour passer dans son boudoir. Avec un pantalon à pied en tricot gris d’argent, il portait une veste et un bonnet garnis d’astrakan, de la même couleur, le tout recouvert d’un ample manteau doublé de velours cramoisi. Sa dépense répondait à sa tenue, car non content de se traiter splendidement à chaque halte, il nourrissait toujours trois ou quatre hommes du cordon.

L’éducation de Jossas était nulle ; mais, entré fort jeune au service d’un riche colon, qu’il accompagnait dans ses voyages, il avait pris d’assez bonnes manières pour n’être déplacé dans aucun cercle. Aussi ses camarades le voyant s’introduire dans les sociétés les plus distinguées,