Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/383

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Au même banc que Vidal était enchaîné le juif Deschamps, un des auteurs du vol du Garde-Meuble, dont les forçats écoutaient le récit dans un recueillement sinistre ; seulement à l’énumération des diamants et des bijoux enlevés, leurs yeux s’animaient, leurs muscles se contractaient par un mouvement convulsif ; et, à l’expression de leurs physionomies, on pouvait juger quel usage ils eussent fait alors de leur liberté. Cette disposition se remarquait surtout chez les hommes coupables de légers délits, qu’on humiliait en les goguenardant sur la niaiserie de s’attaquer à des objets de peu de valeur ; c’est ainsi qu’après avoir évalué à vingt millions les objets enlevés au Garde-Meuble, Deschamps disait d’un air méprisant à un pauvre diable condamné pour vol de légumes : « Eh bien ! est-ce là des choux ? »

Du moment où ce vol fut commis, il devint le texte de commentaires que les circonstances et l’agitation des esprits rendaient fort singuliers. Ce fut dans la séance du dimanche soir (16 septembre 1792), que le ministre de l’Intérieur, Roland, annonça l’événement à la tribune de la Convention, en se plaignant amèrement du défaut de surveillance des employés et des militaires