Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/385

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désordre qui régnait alors dans toutes les administrations.

Dans le principe, le Moniteur avait échauffé les imaginations les plus circonspectes, en parlant de quarante brigands armés qu’on aurait surpris dans les salles du Garde-Meuble ; la vérité est que l’on n’avait surpris personne, et que, lorsqu’on s’aperçut de la disparition du Régent, du hochet du dauphin et d’une foule d’autres pièces, estimées dix-sept millions, il y avait quatre nuits successives que Deschamps, Bernard Salles et un Juif portugais nommé Dacosta, s’introduisaient tour à tour dans les salles sans autres armes que les instruments nécessaires pour détacher les pierreries enchâssées dans des pièces d’argenterie qu’il dédaignaient d’emporter ; c’est ainsi qu’il enlevèrent avec beaucoup de précaution les magnifiques rubis qui figuraient les yeux des poissons d’ivoire.

Deschamps, à qui reste l’honneur de l’invention, s’était introduit le premier dans la galerie en escaladant une fenêtre au moyen d’un réverbère qui existe encore à l’angle de la rue Royale et de la place Louis XVI. Bernard Salles et Dacosta, qui faisaient le guet, l’avaient d’abord secondé seuls : mais la troisième nuit, Benoît