Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/417

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qu’avez-vous donc ? me dit mon guide ; craignez-vous que je vous livre ? Si vous redoutez quelque chose, voilà de quoi vous défendre. » En même temps il me présente ses pistolets ; je les refuse. « À la bonne heure ! » reprit-il et il me serra la main pour marquer qu’il était satisfait de cette preuve de confiance. Masqués par les broussailles, qui bordaient la route, nous nous étions arrêtés ; je ne comprenais pas trop le but d’une halte si près de l’ennemi. La station fut longue : enfin, à la tombée de la nuit, nous vîmes venir du côté de Toulon une malle-poste escortée par quatre gendarmes, que relevèrent autant d’hommes de la brigade dont le voisinage m’avait épouvanté. La malle poursuivit son chemin ; bientôt elle eut disparu. Alors mon compagnon, me saisissant par le bras, me dit d’un ton bref : « Partons, il n’y a rien à faire aujourd’hui. »

Nous nous éloignâmes aussitôt en changeant de direction ; après avoir marché environ une heure, mon guide s’approcha d’un arbre et promena ses mains sur le tronc ; je reconnus qu’il comptait des raies que l’on y avait faites avec un couteau. « C’est bon ! » s’écria-t-il avec une sorte de contentement dont je ne pouvais pas