Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/50

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pas de se renouveler si je ne m’éloignais pour quelque temps, m’accordèrent un congé de six semaines : j’allai le passer à Arras, où je fus fort étonné de trouver mon père dans un emploi public ; en sa qualité d’ancien boulanger, il venait d’être préposé à la surveillance des ateliers du munitionnaire ; il devait s’opposer à l’enlèvement du pain ; dans un moment de disette, de telles fonctions, bien qu’il les remplît gratis, étaient fort scabreuses, et sans doute elles l’eussent conduit à la guillotine, sans la protection du citoyen Souham[1], commandant du 2e bataillon de la Corrèze, dans lequel je fus mis provisoirement en subsistance.

Mon congé expiré, je rejoignis à Givet, d’où le régiment partit bientôt pour entrer dans le comté de Namur. On nous cantonna dans les villages des bords de la Meuse, et comme les Autrichiens étaient en vue, il n’y avait pas de jour où l’on n’échangeât quelques coups de carabine avec eux. À la suite d’un engagement plus sérieux, nous fûmes repoussés jusque sous le canon de Givet, et, dans la retraite, je reçus à la jambe un coup de feu qui me força d’entrer à l’hôpital, puis de rester au dépôt ; j’y étais encore lorsque vint à passer la légion germanique, com-

  1. Aujourd’hui lieutenant-général.